En cette fin de semaine, je veux partager avec toi une pensée toute particulière et qui me tient beaucoup à cœur. Je veux te parler des récits.
Les hommes et leurs histoires
Nous racontons des histoires pour communiquer, rêver, apprendre, s’organiser, produire, consommer etc. Nous faisons et aimons tous cela. Nous en avons besoin pour vivre en communauté, en société mais aussi pour vivre tout court.
Se raconter des histoires nourrit l’imaginaire et notre cerveau en a physiquement besoin. A la fois d’en consommer mais aussi d’en produire. Cela produit de la satisfaction, pose un cadre rassurant, apporte du sens et donne des perspectives.
Tous les groupes humains se sont toujours raconté des histoires, depuis les hommes préhistoriques jusqu’à aujourd’hui, les récits sont le socle de la construction humaine. Par le biais de l’éducation, des rencontres, du travail….
Notre construction personnelle repose aussi sur des récits hérités des générations précédentes et dont nous nous nourrissons tout au long de notre vie. Chacun d’entre nous porte une histoire générale et personnelle.
Notre mémoire est d’ailleurs chargée d’histoire(s), nous identifions tout ce qui parvient à notre cerveau en partie par le prisme de nos récits personnels.
Et c’est ce qui nous fait penser que nous sommes différents d’un individu à l’autre. Ces différences ne sont finalement que le fruit d’histoires racontées, transmises et ancrées.
Nous pouvons au contraire dire que les récits nous relient et nous rallient à des modes de vivre ensemble. Elles nous aident à bâtir des modes d’organisation, des civilisations, à coopérer.
Certains récits sont structurants, profonds et ancrés comme les récits religieux. D’autres sont très courts et éphémères comme la publicité. Tout dépend du message que l’on souhaite faire passer et de la portée que l’on souhaite lui donner.
Les récits et les sens
La question du récit est intimement liée à la question du sens, ou plutôt des sens.
Nos sens humains tout d’abord, qui sont finalement les principaux outils de notre vie. Grâce à eux, nous avons évolué, nous les avons écoutés, nous avons ressentis. Ils nous ont permis d’évoluer et de façonner notre cerveau. Ils nous ont donné la possibilité de survivre. Mêlés aux récits, ils ont alimenté nos plaisirs, nos peurs, notre confiance. A vrai dire c’est toujours le cas aujourd’hui.
Vient ensuite la direction. Le sens de la marche ou plutôt devrais-je dire le sens de l’histoire. Aller d’un point A à un point B. Il s’agit ici de prendre une direction. Les récits prennent encore toute leur place pour indiquer un chemin à suivre.
Enfin la signification, le sens que l’on donne aux choses. Qui est d’ailleurs très lié à la direction. Nous nous fixons des objectifs, des directions car nous leur donnons une signification particulière, précise. Le récit est le guide de ces choix. Il en raconte la signification et légitime le chemin à emprunter.
Nous n’allons généralement pas vers une destination sans raison. Et quand cela se produit, il se crée une dissonance cognitive. Direction sans signification perturbe notre cerveau, bouleverse nos sens et nous met dans une position inconfortable, rend nerveux, accroît le stress bref nous déboussole.
Certains le vivent mal et font des burn-out, se détachent brusquement, vacillent. D’autres vivent tant bien que mal avec mais sentent, ressentent la dissonance. D’autres encore ajustent leurs histoires pour continuer à donner du sens et garder une cohérence, une sérénité. Certains autres ne ressentent aucune dissonance.
Des exemples ? La galvanisation des peuples par des récits de conquête ou de domination (je vous laisse imaginer des exemples concrets, ce n’est pas ce qui manque dans l’histoire de l’humanité).
Les récits sur la mondialisation et le “village planétaire” (résultat, il faut attendre que la Chine produise des masques pour se protéger d’un virus… qui vient de Chine ! 😉 )
Les récits sur la consommation qui affirment que nous avons besoin du dernier iPhone pour nous sentir bien.
Les récits sur la technologie qui va permettre à l’humanité de résoudre tous ses problèmes indéfiniment – nos enfants vivront sur Mars !
Futurs désirables
Arrêtons de nous raconter des histoires… ou plutôt arrêtons de nous raconter de mauvaises histoires et commençons à nous raconter de belles histoires de vie en société, de partage, d’entraide dans un monde de plus en plus contraint.
Des histoires plus réalistes, plus engagées et engageantes.
Des histoires aussi plus simples, impliquant moins de paramètres.
Des histoires construisant des sociétés plus résilientes et produisant du bonheur par la qualité des relations sociales et non par autre chose.
La COP 21 et son cap maximum des 2° (+2° d’ici 2050 ) que la France s’est fixé est le fruit d’une histoire. Certes un peu tardive, mais le passage à la moulinette des sens (5 sens humains, direction et signification évoqués plus haut) à fait son œuvre et l’objectif est posé.
Avec quels récits allons nous atteindre cet objectif sensé ?
Sans doute pas par une consommation débridée à l’issue de la crise sanitaire… 🙂
La question que je me pose ici et que je souhaite partager pour une belle réflexion ce week-end est:
quels récits pour demain ?
Je te souhaite un très beau week-end !
Ory